Vous avez du mal à sortir de la gamme pentatonique mineure quand vous jouez un solo Blues ? Le monde obscur des modes et des arpèges vous effraie ?
Pas de panique ! Dans cet article et sa vidéo, découvrez comment mettre du relief dans vos impros Blues en jouant les 2 notes clés des accords septième. Un moyen facile de vous libérer du carcan de la penta et de faire ressortir la grille de l’accompagnement pendant vos solos !
Je ne m’attarderai pas sur ce point, dont je vous ai déjà parlé en détail dans l’article 2 notes pour mieux jouer vos accompagnements Blues. Je vous invite à y jeter un œil avant de poursuivre votre lecture, si ce n’est pas déjà fait.
Pour faire court, les accords utilisés en Blues sont les 7e de dominante et leurs versions enrichies (9e, 13e, etc.)
Un accord 7e est une tétrade, autrement dit un accord constitué de quatre notes : la fondamentale, la tierce majeure, la quinte juste et la septième mineure. Les deux notes clés qui donnent le son légèrement dissonant typique de cette forme d’accord sont la tierce majeure et la septième mineure.
Nous avons vu dans l’article précédemment cité comment mettre l’accent sur ces deux degrés pour construire des accompagnements Blues simples et mélodieux. Mais pouvons-nous adapter ce principe au solo Blues ? Yes we can !
Beaucoup de guitaristes s’enferment dans la gamme pentatonique et ont l’impression de sonner toujours pareil pendant leurs impros… Et ce n’est pas qu’une impression ! Vous vous reconnaissez dans cette description ? La raison est simple : vous vous focalisez sur les notes de votre gamme, au lieu de vous concentrer sur les notes qui constituent l’accord joué dans l’accompagnement à l’instant T.
Pour résumer grossièrement, on pourrait dire qu’en jouant les notes de la gamme sans plus de réflexion, vous êtes sûrs de ne pas faire de fausse note. Mais en mettant en valeur dans vos solos les notes de l’accord qui passe derrière, vous êtes sûrs de jouer les BONNES notes : celles qui mettront de la musicalité dans vos phrases.
C’est le principe des arpèges : on solote sur les notes de l’accord joué dans l’accompagnement. Un concept clé chez les jazzmen, qui le maîtrisent à la perfection. Ok me direz-vous, mais on l’aime notre penta, surtout en Blues ! Rassurez-vous, il ne s’agit pas de la bannir. Il vous suffit d’injecter dans votre penta les notes clés de l’accord joué dans la grille.
Oui… et non ! Pour rappel, la grille Blues est constituée de 3 accords septième, construits sur les degrés 1, 4 et 5 de la tonalité. Dans un Blues en Do, on aura donc :
Si vous souhaitez mettre en valeur les tierces majeures et les septièmes mineures de ces trois accords, vous devrez donc repérer 6 notes. Trois d’entre elles appartiennent à la gamme pentatonique mineure de la tonalité principale : il s’agit des septième mineures de chaque accord. Leurs tierces majeures n’en font pas partie.
Vous voyez pourquoi je disais précédemment que cette approche du jeu en arpèges est facile d’accès : il vous suffit d’ajouter 3 notes à votre penta, et de repérer sur quel accord de la grille Blues jouer chacune d’entre elles.
Comme vous pouvez le constater, la septième mineure de l’accord fait déjà partie de la penta. Mais c’est une note souvent laissée de côté par beaucoup de guitaristes, qui préfèrent insister sur la fondamentale et la tierce mineure. Pensez à finir vos plans et vos phrasés sur la septième mineure pendant votre solo Blues, vous ferez ressortir la sonorité légèrement dissonante propre à ce style.
La tierce majeure ne fait pas partie de la penta blues, mais la plupart des Bluesmen l’utilisent. Ils la jouent souvent en faisant un bend ou un slide depuis la tierce mineure, et en finissant leur phrase sur la fondamentale. Mais ne vous sentez pas obligé de l’utiliser uniquement en note de passage : conclure vos phrasés sur la tierce majeure apportera chaleur et mélodie à votre impro, et mettra immédiatement en valeur l’accompagnement.
La septième mineure de l’accord 4 fait elle aussi partie de la penta Blues : c’est la tierce mineure de votre gamme. Attention à ne pas céder au réflexe typique des Bluesmen, de faire un bend sur votre tierce mineure lorsque l’accord 4 passe dans l’accompagnement. Le résultat sera beaucoup plus mélodieux si vous restez dessus au lieu d’aller chercher votre tierce majeure.
La tierce majeure de l’accord se situe quant à elle en dehors de la penta. C’est la sixte majeure de votre tonalité principale, un des degrés clés du mode Dorien. Mais pour rester simple, souvenez-vous simplement que vous pouvez y accéder facilement en décalant la septième mineure de votre gamme d’une case vers la gauche.
Vous pouvez par exemple faire un slide depuis la septième mineure sur le passage de l’accord 1 à l’accord 4 : effet garanti ! Le changement d’accord s’entend même sans accompagnement.
La septième mineure de l’accord 5 fait partie de la gamme pentatonique Blues, il s’agit de sa quarte. Il est courant de faire un bend d’un ton sur cette note pour atteindre la quinte de la gamme lors du passage à l’accord 5. Ce qui est parfaitement logique, étant donné qu’il s’agit de la fondamentale de l’accord. Vous savez désormais que vous pouvez rester sur cette note sans la bender, cela sonnera également très bien.
La tierce majeure de l’accord 5 est placée juste avant la fondamentale de la tonalité. Comme vous pouvez le voir sur le schéma, cela vous donne des possibilités de chromatisme très intéressantes sur 2 cordes :
Pensez-y pour faire des plans rapides en enchaînant facilement hammers et pull off sur ce groupe de cases.
N’hésitez pas à vous servir de ce décalage pour créer des turnarounds faciles à mettre en place et diablement efficaces à la fin de votre grille Blues (voir les exemples dans la vidéo en fin d’article.)
Comme toujours en guitare, vous pouvez décliner ce concept partout sur le manche. Voici trois schémas vous montrant le placement de ces notes à l’octave.
Notes clés de l’accord de La 7e doublées à l’octave :
Comme nous l’avons vu plus haut, tout l’intérêt du concept évoqué dans cet article est de faire ressortir les changements d’accords effectués dans l’accompagnement. C’est cela qui rend l’utilisation de ces notes si musicale.
A contrario, prenez garde à ne pas jouer au mauvais moment une des trois notes qui ne font pas partie de la penta Blues. Votre mélodieux phrasé se transformerait instantanément en un riff ultra dissonant de Deathcore ! Or, en Blues, cela s’appelle une monumentale fausse note.
Il est donc indispensable de bien connaître la grille Blues et de toujours savoir à quelle mesure vous vous situez :
Soyez attentifs à l’accompagnement, ne mettez pas toute votre attention sur votre guitare. Et bien sûr, écoutez un maximum de Blues pour intégrer de façon inconsciente le timing des changements d’accords propre à ce style.
Vous trouverez plusieurs exemples concrets de phrasés pentatoniques mettant en valeur les notes clés de chaque accord de la grille dans la vidéo ci-dessous :
Plans dont on use et abuse, gamme pentatonique mineure, blue note et bends à gogo : on peut vite s’enfermer dans ces gimmicks typiques du solo Blues, et finir par sonner toujours pareil.
Pensez à ce principe de notes clés pour varier vos impros et y apporter un peu plus de couleurs et de nuances. Et cerise sur le gâteau : si vous maîtrisez ce concept, vous aurez déjà fait les trois quarts du chemin pour jouer en arpèges sur du Blues.
Retrouvez tous les diagrammes de cette leçon dans le PDF à télécharger gratuitement :
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Découvrez l’article sur les 2 notes clés en accompagnement Blues !