Money for nothing : sonner à la Mark Knopfler
Vous aimeriez jouer les morceaux de Dire Straits, mais vous n’arrivez pas à sonner comme Mark Knopfler ? Cet article devrait vous aider !
Pendant plusieurs années, je me suis arraché les cheveux à essayer de comprendre pourquoi mes rythmiques restaient fades quand je tentais de reprendre du Dire Straits.
Après pas mal de temps le nez collé sur mon écran (et les oreilles à l’affût) à regarder des vidéos de ses prestations live, j’ai identifié quelques indices qui devraient vous aider à vous approcher du son de Sir Mark.
Vous trouverez en fin d’article la tablature et ma vidéo tuto de Money for nothing, pour mettre tout cela en pratique.
Allers-retours à la main droite
« Il faut jouer aux doigts, il n’utilise jamais de médiator. » Voilà la réponse unique que j’obtenais quand je posais des questions à mes profs ou aux autres guitaristes sur le son de Mark Knopfler.
Ok, merci, mais il doit y avoir autre chose puisque mes reprises (et les leurs) restaient fadasses et plates en comparaison des vrais morceaux. J’avais bien compris qu’il fallait les jouer sans médiator, mais pas moyen de me rapprocher du groove et du dynamisme des chansons originales.
Jusqu’à ce qu’un de mes profs me donne enfin une réponse concrète : « Fais des allers-retours avec l’index et le majeur de ta main droite, ça va varier le son et les dynamiques de tes notes. »
Hallelujah ! Ah non, ça c’est un autre morceau… Eureka ! Comme je vous le montre plus bas dans ma vidéo tuto de Money for nothing, c’est effectivement une des techniques principales qu’il faut absolument travailler pour sonner à la Knopfler.
Pourquoi ? Parce que la sonorité est forcément différente entre les grattages des cordes vers le bas (percutés) et ceux vers le haut (tirés). C’est, entre autres, cette variation discrète de dynamique qui va apporter du relief à l’ensemble.
Prenez le temps de bosser la précision de ce geste peu courant. Trouvez le bon angle d’attaque et soyez attentif à gratter uniquement les cordes que vous visez. Prêtez attention à ce que vos allers et retours sonnent à un volume à peu près identique. Comme d’habitude, commencez doucement, et accélérez au fur et à mesure en privilégiant la propreté du geste à la prise de vitesse.
Où sont ces fichues notes ?
Les allers-retours avec les doigts de la main droite, check ! Mais ce n’était pas encore ça. En écoutant la musique avec les tablatures sous le nez, il me semblait entendre plus de notes que je n’en lisais.
Après quelques visionnages de vidéos au ralenti, j’ai enfin compris : il ne s’agit pas de notes, mais de ghost notes. Knopfler agrémente ses rythmiques (et ses solos) en grattant une ou plusieurs cordes étouffées entre les notes qu’il joue.
C’est une technique très courante dans énormément de styles, me direz-vous. On continue de gratter en relevant les accords pour obtenir un « tchak-tchak » percussif qui gonfle nos rythmiques. Les cordes ne touchent plus le manche, mais les doigts restent en contact continu avec elles.
La différence, c’est que Knopfler cible les cordes étouffées qu’il veut jouer, et les intègre donc plus subtilement dans ses riffs et ses rythmiques que s’il les grattait toutes. Vous verrez dans le tuto de Money for nothing qu’il ne joue qu’une ou deux cordes à la fois en ghost notes.
Ajoutez à cela sa technique d’allers-retours des doigts de la main droite dont j’ai parlé précédemment, et vous commencez à vous rapprocher du son de guitare typique de Dire Straits.
Là encore, soyez précis lorsque vous travaillez ces ghosts notes. Grattez uniquement les cordes concernées. Soyez attentifs au volume de ces notes étouffées par rapport à celles qui sont jouées, et intégrez-les dans le bon timing. Un petit conseil (trop peu suivi par mes élèves malheureusement) pour bosser ça : le métronome est votre ami !
Silences, staccato et groove
Un autre point crucial essentiel à mettre en avant : les silences et les staccatos. Comme souvent en musique, la technique instrumentale et les notes ont certes leur importance, mais elles ne servent à rien sans maîtrise rythmique.
Et qu’y a-t-il de plus important dans le rythme ? Le silence, mon cher Watson !
Prêtez l’oreille aux nombreux moments où Knopfler coupe le son de ses notes en plein milieu de ses phrasés solos ou de ses rythmiques. Pour ce faire, il utilise soit sa main gauche, soit les doigts ou la paume de sa main droite qu’il pose sur ses cordes.
Il joue également souvent ses notes et ses accords en staccato. Autrement dit, il relève les doigts de sa main gauche presque immédiatement après les avoir fait sonner. Cela apporte beaucoup de groove et de dynamisme à ses phrasés et ses rythmiques.
C’est une technique de jeu énormément utilisée, et donc très intéressante à travailler. Elle est particulièrement prisée en Blues, Soul, Reggae ou Funk, et dans tous les styles où le rythme est roi.
Wha-wha immobile : le secret du son de Money for nothing
Ok, ce n’est pas vraiment un secret, mais il me paraît tout de même essentiel de le rappeler. De nombreuses sources sur le Web en parlent, à commencer par Mark Knopfler lui-même. Il a passé beaucoup de temps sur les réglages de son matos pour obtenir le son qu’il avait en tête pour la guitare de ce morceau.
Et en retournant en studio après une pause, il a eu son illumination : enclencher une wha-wha et ne plus y toucher !
Évidemment, chaque pédale a un son qui lui est propre. Mais peu importe le modèle que vous utilisez, il vous aidera à sonner comme la version album du morceau. Si vous êtes équipés d’une wha-wha, enclenchez-la et essayez de repérer le « sweet spot ». C’est le réglage sur votre pédale qui se rapprochera le plus du son original.
En général, il faut que votre wha-wha soit en position basse, presque au niveau de l’enclenchement. Vous avez trouvé ? Parfait, maintenant n’y touchez plus et contentez-vous de jouer sur votre guitare.
C’est un gimmick souvent utilisé pour obtenir un son plus aigu, plus tranchant et un peu plus nasillard. Il est courant en rythmique reggae, par exemple.
Mise en pratique : tuto Money for Nothing
Je vous mets ici une leçon en vidéo détaillée du riff principal de Money for nothing pour vous entraîner aux subtilités guitaristiques de Mark Knopfler. Vous trouverez juste en dessous les tablatures correspondantes, avec les indications de doigts à utiliser à la main droite sur chaque note.
Pour rappel, voici à quoi correspondent ces indications :
- T : pouce (« Thumb » en anglais) ;
- I : index ;
- M : majeur.
Il n’utilise ni l’annulaire ni le petit doigt, comme dans la plupart de ses morceaux.
J’espère que cet article et la vidéo tuto de Money for nothing vous auront éclairé sur le jeu à la Mark Knopfler.
Il vous est bien entendu indispensable de maîtriser ces techniques pour jouer correctement les morceaux de Dire Straits. Mais je vous encourage également à les utiliser dans vos impros, vos compos et vos arrangements pour apporter de la variété à votre son.
Laissez-moi un commentaire ci-après ou sous la vidéo YouTube pour me faire part de vos progrès.
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